Préau

On appelle préau la partie couverte de la cour. Le préau n’est pas sans évoquer l’architecture des cloîtres, avec ses piliers à intervalles réguliers, à l’exception que le préau n’est pas un endroit de recueillement.
Tout collège digne de ce nom doit comporter un préau. Les collèges n’en ayant pas pour abriter les enfants de la pluie sont une manière d’imposteurs – collèges sadiques se repaissant du spectacle inhumain des élèves trempés, vous n’êtes pas dignes de cette noble institution, l’Éducation nationale !
Le préau est donc l’abri, le dieu protecteur des enfants aquaphobes. Quand survient la pluie, on les voit se rassembler, tout grelottants, sous la bienveillance du préau, pauvres enfants en détresse. Ils se regardent un instant, heureux d’échapper à l’agression de la pluie. Puis surviennent les défis : sortir un instant sous l’eau, pour prouver sa vaillance. Les jeux plus méchants consistant à pousser les camarades sous la pluie, ou mieux encore, sous une fuite, dans un coin du préau, qui fait comme une cascade d’eau noire. Le vent bat maintenant la cour et les gouttes de pluie tourbillonnent, se rassemblent en rideaux ondulants ; l’humidité brassée par le vent gagne jusqu’aux profondeurs sombres du préau. Seuls des élèves de 6e s’ébattent et gambadent sous la pluie comme si rien ne les touchait, ils jouent à se poursuivre et boivent la pluie chargée de composés chloriques.
Les enfants se sont rassemblés comme le bétail pour ne pas perdre de chaleur. Leurs regards apeurés interrogent le ciel. Mais ils sont en sécurité, le préau veille sur les petits enfants.
Espace de jeu, les recoins sombres du préau sont aussi l’endroit privilégié pour les bagarres, avec le fond de la cour et les toilettes.
© Louis Butin & cercle DPMC