Boule

Terme argotique pour désigner soit :

  1. Les testicules (au pluriel « boules »).
  2. L’arrière-train féminin.
  3. La tête.

Le sens se déduit du contexte.
Ainsi, dans l’expression peu probable « ah la pute ! Elle m’a niqué les boules », « boules » désignerait les testicules. De même, considérons l’expression immémoriale « j’ai les boules » : celle-ci est associée à un geste des mains de chaque côté du cou qui image le fait que les couilles, par l’effet de la peur, sont remontées dans la gorge.

Les adolescents apprécient particulièrement l’emploi du terme qui lui rapporte le signifié « fesses ». S’ils disent « elle a un bête de boule, ah ! La chienne ! », il faut comprendre : elle a un cul magnifique. L’ignorant aurait pu croire à une insulte ou à l’évocation d’une grosse femelle bouledogue alors qu’il s’agissait d’un compliment.

Une querelle est née de l’équivocité du terme :
De très érudits linguistes se sont attelés, au début du XXIème siècle, à dénouer l’ambiguïté de l’expression courante à l’orthographe fluctuante « film de boule » / « film de boules » dont on ne saurait trancher l’origine : s’agit-il d’un remplacement lexical simple du terme « cul » par l’équivalent « boule » ou d’un repositionnement sémantique transformant le terme « cul » par celui de « couilles » ? En somme, y a-t-il eu adaptation à un nouveau langage ou y a-t-il eu, via l’imaginaire adolescent, substitution du contenu de ces films (des culs) par leur effet sur les couilles ? André Nivgord soutient qu’il ne faut surtout pas préférer une hypothèse à l’autre, que « la force de permanence de l’expression tient à sa confusion sémantique qui crée un trouble interprétatif propice au phantasme. »

Pour conclure, nous évoquerons le « coup de boule » qui désigne un coup de tête violent. Le « coup de boule » n’a pas attendu Zinédine Zidane pour obtenir ses lettres de noblesse, lui qui pathétiquement tenta d’écraser une poitrine avec son crâne… Hélas, parmi les élèves, il n’en est pas un pour, au moment d’offrir son front au nez cassant de l’adversaire, se souvenir avec humilité de la scène du film de Francis Veber « Les compères » où Gérard Depardieu expliquait les rudiments de sa technique à Pierre Richard ; pas un non plus pour imaginer son grand-père, dans un bar du Havre, de Lille, de Paris ou de Marseille, donnant un bon coup de tête à un importun.
Car donner un « coup de boule », hormis l’acte de violence impardonnable, c’est aussi affirmer inconsciemment son identité française.

 

plume forum

 

© Louis Butin & cercle DPMC